Économie radicale

Interview Bertrand Coty

Patrick Mardellat, vous publiez aux éditions Hermann, Économie Radicale. Comment définissez-vous la radicalité dans le domaine économique ? 

Le terme de radical présent dans le titre désigne effectivement une radicalité qui court dans tout l’ouvrage et qui peut s’entendre en plusieurs sens. Économie radicale veut tout d’abord dire que l’économie est radicale, qu’elle est à la racine de la vie, car toute vie commence par être économique, qu’elle s’inscrit dans une économie. Cela s’exprime de plusieurs manières, par le fait tout d’abord que nous nous recevons dans un don avec la vie et que nous sommes accueillis dans une communauté qui est toujours d’abord une communauté économique, qui offre un foyer ou un lieu de vie ; ensuite, la vie se manifeste à nous immédiatement par des besoins ou une demande, de soins, de protection, de nourriture, et plus fondamentalement encore, ce qui d’ailleurs constitue le fond de tout désir de vivre, une demande d’amour, plus profonde encore que la demande de justice. Et à une telle demande, seul un don peut répondre, un don inconditionnel, sans retour, sans dette.

Ce qui fait du don l’acte premier, absolu, de toute économie. Tous les autres actes économiques, que la théorie lie entre eux de manière systématique, tels que la production, l’échange, le prêt, le partage, etc., viennent ensuite du don premier. Une vie terrestre ne peut se concevoir en dehors de l’économie et toute vie ne peut se déployer qu’à partir et à l’intérieur d’une économie. C’est là un premier sens de la radicalité, qui pointe vers la radicalité du domaine économique, plus que dans le domaine économique.

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